La réception du Prologue de Jean au IIe siècle

par Joseph MOINGT

avril-juin 1995 - tome 83/2

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Une théologie du Logos s’élabore depuis Justin (vers 140-150) dans les écrits des « Apologètes » pour présenter Jésus-Christ aux païens. Elle ne se fonde pas sur le Prologue de Jean, auquel il n’est pas fait de référence expresse avant 180 (chez Théophile). Le nom de Logos est emprunté aux philosophies du temps et sert à expliquer en quel sens, bien différent des mythologies païennes, les chrétiens confessent que Jésus est le Fils de Dieu : il est le Logos de Dieu devenu homme, préexistant éternellement dans la pensée de Dieu, sorti de lui pour organiser l’univers et éclairer l’humanité ; c’est pourquoi il n’était pas inconnu des Sages du passé : Logos est un nom missionnaire. À la fin du siècle, Irénée s’emploie à repousser les spéculations des gnostiques sur le Prologue ; il souligne la communication intime entre le Père et le Verbe et la présence familière du Verbe au monde et à l’histoire des hommes. Ainsi le Prologue était-il lu à cette époque comme l’introduction en terrre de culture grecque de l’évangile par excellence du Fils de Dieu.

The Reception of the Prologue of John in the Second Century.

Since Justin (c. 140-150), a theology of the Logos was elaborated in the writings of the « Apologists » to present Jesus Christ to the pagans. It is not based on the Prologue of John, to which there was no expressed reference before 180 (by Theophilus). The name Logos was borrowed from the philosophers of the time and served to explain in what sense (quite different from the pagan mythologies) Christians confessed that Jesus is the son of God. It is the Logos of God become man, preexisting eternally in the mind of God, going out of Him to organize the universe and enlighten humanity. That’s why it was not unknown to the Sages of the past : Logos is a missionary name. At the end of underlined the intimate communication between the Father and the Word and the familiar presence of the Word to the world and human history. Thus, the Prologue was read in that epoch as the introduction, on Greek cultural ground, of the Gospel par excellence of the Son of God.

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