Bulletin de littérature sapientielle et autres Écrits (105/3 – 2017)

par Sophie RAMOND, Patrick POUCHELLE

juillet-septembre 2017 - tome 105/3

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Ramond Sophie-jpgSophie Ramond, Institut catholique de Paris

 

 

Pouchelle PatrickPatrick Pouchelle, Centre Sèvres – Facultés jésuites de Paris

 

 

I. Littérature sapientielle (1-3)
II. Psaumes historiques (4-6)
III. Septante (7-10)

Les Écrits sont, dans une certaine mesure, le parent pauvre de la recherche vétérotestamentaire. Cependant, depuis quelques années, est apparu un regain d’intérêt pour ce corpus avec des angles d’investigation assez ciblés. La recherche, par exemple, s’attache à tenter une définition renouvelée du concept de sagesse, dont elle observe l’emploi variant au sein des différents champs d’études académiques. Elle prend conscience d’une nécessaire prudence quant à une catégorisation par genre littéraire et quant à une nette distinction des corpus bibliques. En même temps, divers travaux soulignent la pertinence de l’étude d’un groupe de textes pour la compréhension de la rédaction et de la composition du corpus biblique. Sous un autre aspect, l’abondance des publications dans le domaine de la critique textuelle, les interrogations sur la catégorie même de texte biblique et la mise en cause du textus receptus ou du texte standard comme outil privilégié de travail, manifestent la conscience aiguë non seulement d’un pluralisme textuel et de communautés à l’œuvre derrière chaque manuscrit et chaque recension mais aussi le refus que les éditions critiques les plus courantes des textes imposent leur choix comme seuls normatifs. La recherche s’intéresse aussi dès lors à la Septante, à l’acculturation du judaïsme dans une langue et une culture différente de l’hébreu.
Ce sont ces réorientations de l’exégèse que le présent bulletin vise à manifester en même temps qu’un aperçu sur les publications en cours concernant les études sur le corpus des Écrits.

I. Littérature sapientielle
– (Sophie Ramond) –

1. Sneed Mark R., Was There a Wisdom Tradition? New Prospects in Israelite Wisdom Studies, Atlanta, SBL Press, 2015, 310 p.
2. Najman Hindy, Rey Jean-Sébastien, Tigchelaar Eibert, Tracing Sapiential Traditions in Ancient Judaism, SJSJ 174, Brill, Leiden, 2016, 239 p.
3. Jarick John (Éd.), Perspectives on Israelite Wisdom. Proceedings of the Oxford Old Testament Seminar, Bloomsbury, London/New-York, 2016, 520 p.

Avec ces trois volumes, en raison de la diversité des approches et du renvoi des unes aux autres, on apprécie d’être pleinement introduit dans les débats sur la Sagesse.

II. Psaumes historiques
– (Sophie Ramond) –

4. Seiler Stefan, Text-Beziehungen. Zur intertextuellen Interpretation alttestamentlicher Texte am Beispiel ausgewählter Psalmen, BWANT 202, W. Kohlhammer, Stuttgart, 2013, 336 p.
5. Gärtner Judith, Die Geschichtspsalmen. Eine Studie zu den Psalmen 78, 105, 106, 135 und 136 als hermeneutische Schlüsseltexte im Psalter, FAT 84, Mohr Siebeck, Tübingen, 2012, XIV, 439 p.
6. Klein Anja, Geschichte und Gebet. Die Rezeption der biblischen Geschichte in den Psalmen des Alten Testaments, FAT 94, Mohr Siebeck, Tübingen, 2014, 435 p.

Plusieurs études se sont intéressées ces dernières années aux psaumes dits historiques, avec toutefois des approches variées.

III. Septante
– (Patrick Pouchelle) –

7. Le Boulluec Alain, Le Moigne Philippe, Vision que vit Isaïe, « La Bible d’Alexandrie », Éd. du Cerf, Paris, 2014, 368 p.
8. Mulroney James A.E., The Translation Style of Old Greek Habakkuk, FAT 2/86, Mohr Siebeck, Tübingen, 2016, XVII-264 p.
9. Kreuzer Siegfried et al. (Éd.), Die Septuaginta. Orte und Intentionen, WUNT 361, Mohr Siebeck, Tübingen, 2016, XVI-923 p.
10. Muraoka Takamitsu, A Syntax of Septuagint Greek, Peeters, Louvain, 2016, LXXIV-904 p.

La Septante consiste en la traduction grecque du Pentateuque effectuée, selon la légende, indépendamment par 70 ou 72 traducteurs juifs miraculeusement en accord entre eux. La Septante est également définie comme étant l’Ancien Testament de nos frères orthodoxes grecs. La récente édition de la TOB en 2010 a d’ailleurs pris en compte les textes dits anagignoskomena, c’est-à-dire autorisés à la lecture, tels que le Psaume 151 ou le quatrième livre d’Esdras qui figurent dans les Bibles orthodoxes.
La richesse de la Septante réside dans ces livres surnuméraires mais aussi dans le texte grec traduit qui, en de nombreux endroits, est différent du texte hébreu, dit texte massorétique. Aujourd’hui utilisé par le judaïsme et à la  base des principales traductions modernes de la Bible en langue française, il est proche du texte traduit par Jérôme. La recherche a longtemps utilisé la Septante pour essayer de faire la critique textuelle de la Bible hébraïque. Elle s’intéresse maintenant davantage à l’acculturation du judaïsme dans une langue et une culture différente de l’hébreu.

Une traduction moderne, un essai, les actes d’un colloque et un livre outil récent sur la Septante : ces quatre recensions témoignent de la part de plus en plus grande que prend, dans la recherche biblique, la Septante, méconnue du grand public. L’apport de la Septante pour la critique textuelle de la Bible hébraïque est en diminution devant la question de la personne du traducteur. Qui est-il ? comment a-t-il traduit ? quels étaient ses présupposés idéologiques, historiques, théologiques ? Cette étude est, certes, nécessaire mais elle recèle toujours une part de subjectivité. Ainsi, un souci de plus en plus important de la recherche consiste à apprécier la Septante en tant que texte autonome reçu, indépendamment du texte hébreu traduit. Une telle approche devrait en toute logique intégrer les deutérocanoniques et les écrits grecs non canoniques de cette époque. Peut-on, cependant, interpréter ces textes, sans les rattacher à un auteur, qu’il soit juif (Philon) ou chrétien (les Pères de l’Église) qui les utilise ? On peut noter que la manière dont la Septante a été comprise par ces derniers pour élaborer une pensée théologique reste peu explorée en dehors des ouvrages de la Bible d’Alexandrie. Cependant, l’arrivée d’outils scientifiques sérieux, tels la grammaire de Muraoka, devrait conduire la recherche encore plus avant. Il est d’ailleurs souhaitable que cette recherche se concrétise également dans des ouvrages de vulgarisation, à commencer par une traduction complète et récente de la Septante en langue française, la dernière traduction complète datant de… 1865 !
Un point mérite d’être souligné : les ouvrages nommés dans l’ensemble de ce bulletin sont pour un bon nombre fruits de recherches collectives ou ont permis l’amorce d’un dialogue entre divers auteurs, preuve que l’exégèse s’élabore aujourd’hui dans un réel dialogue. On notera également les perspectives qui se dessinent pour la recherche à venir, notamment en termes de nécessaires croisements des études sur les différents corpus et de lectures des différentes leçons des textes bibliques pour elles-mêmes.

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