La distinction « incorporé à » / « ordonné à » dans Lumen gentium

Quelles conséquences pour la compréhension du rapport Église / Royaume ?

par Laurent VILLEMIN, Georges CHEVALLIER

juillet-septembre 2011 - tome 99/3

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L. VILLEMIN et G. CHEVALLIER – La distinction « incorporé à » / « ordonné à » dans Lumen gentium : quelles conséquences pour la compréhension du rapport Église / Royaume ?

La répartition habituelle des traités en théologie laisse souvent l’ecclésiologie à distance des questions touchant au pluralisme religieux et c’est davantage le christologue ou le spécialiste de la théologie fondamentale qui sont sollicités. Pourtant, les débats ayant trait à cette question ne sont pas sans répercussions sur l’ecclésiologie et spécialement sur l’articulation entre l’Église et le Règne de Dieu. Dans cette perspective, il est utile de revenir sur deux expressions qui qualifient le lien à l’Église au concile Vatican II , à savoir « incorporé à » (LG 14) qui qualifie l’appartenance des catholiques à leur Église et l’expression « ordonnés à (…) l’unité du Peuple de Dieu » qui s’applique à « ceux qui n’ont pas encore reçu l’Évangile ».
Cette façon dont le concile a décrit le lien entre l’Église et ceux qui n’en font pas partie appelait à préciser à son tour le lien entre l’Église et le Règne de Dieu. Sur ce point, une étude généalogique permettra de percevoir l’importance de l’évolution opérée par le Magistère et la théologie à la lumière d’une réflexion sur le dialogue interreligieux. De Mystici corporis (1943) à Redemptoris Missio (1990) se met en place un abandon progressif de la problématique de « l’ordination à » pour traiter de « ceux qui n’ont pas encore reçu l’Évangile », au profit d’une articulation dynamique entre Église et Règne de Dieu. Cette évolution ouvre des pistes à la fois pour le dialogue interreligieux, mais également pour l’ecclésiologie.

L. VILLEMIN and G. CHEVALLIER – The distinction between ‘incorporated into’ / ‘related to’ in Lumen gentium: what are its consequences for understanding the Church / Kingdom relationship

The usual organisation of theological treatises often leaves ecclesiology apart from questions touching on religious pluralism and leaves these issues to be handled by specialists in Christology or fundamental theology. However, the debates surrounding this issue have a repercussion on ecclesiology and especially on the articulationbetween the Church and the Kingdom of God. In this perspective, it is useful to come back to two expressions in Vatican II which qualify the link to the Church, that is, “incorporated in” (LG 14) that qualifies the way Catholics belong to their Church, and the expression “related to (…) the unity of the People of God”, which is applied to “those who have not yet received the Gospel”. The way in which the Council described the link between the Church and those who are not yet a part of it entailed elucidating the link between the Church and the Kingdom of God. A genealogical study will enable us to see the importance of the changes carried out by the Magisterium and theology in the light of a reflection upon interreligious dialogue. From Mystici corporis (1943) to Redemptoris Missio (1990), we see a progressive setting aside of the problematic of “those who are related to” and its replacement by “those who have not yet received the Gospel”, favouring a dynamic articulation between the Church and the Kingdom of God. This development opens up new ways of thinking for both interreligious dialogue and ecclesiology.

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