La mystique : une histoire au présent

par Maxim SEBASTIAN

janvier-mars 2016 - tome 104/1

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Sebastian MAXIM – La mystique : une histoire au présent

Le présent article se propose d’analyser le projet de La Fable mystique en tant que démarche historienne. En l’abordant sous cet angle, nous souhaitons mettre en évidence le style singulier de Michel de Certeau. Trente ans après le premier tome, la publication de La Fable mystique II continue un itinéraire : les mêmes intuitions se trouvent étayées, des contenus déjà annoncés y sont élaborés. En prenant en considération les deux volumes, cet article met en lumière une préoccupation centrale de Michel de Certeau, celle de ne pas séparer les recherches sur la mystique du présent de celui qui l’étudie. Il cherche ainsi à saisir la relation établie entre l’historien, son objet et son présent. La mystique, science éphémère aux XVIe et XVIIe siècles, objet historique étrange qui noue l’expérience au langage, se fait et se défait sous la plume de Michel de Certeau. Elle finit par ne plus avoir de lieu propre, fixé d’avance dans un périmètre littéraire déterminé. Le discours mystique est intimement lié à la manière de faire de celui qui en est le porteur. En fin de compte, la mystique opère dans les corps individuels, dans les institutions et dans les différents domaines du savoir. Ce n’est qu’à ce titre que ses effets peuvent être notés par l’historien. Une fois définie et, simultanément, décloisonnée de la sorte en tant que discipline, la mystique ne cesse de retentir dans notre présent. Et son histoire devra continuer à s’écrire.

Sebastian MAXIM – Mysticism : an history in the present

This article will analyze the project of La Fable mystique as a historian’s approach. Looking upon it in this way, we hope to bring out the singular style of Michel de Certeau. Thirty years after the publication of the first volume, La Fable mystique II continues along its path : the same intuitions are reinforced, already announced contents are elaborated. Taking into account the two volumes, this article highlights the central preoccupation of Michel de Certeau, that of not separating research into mysticism from the present of those who study it. He thus seeks to grasp the relation established between historians, their objects of study and their present. Mysticism, an ephemeral science in the 17th and 18th centuries, strange historical object that ties experience to language, folds and unfolds under the pen of Michel de Certeau. It ends up no longer having a place of its own, set in advance within a defined literary perimeter. Mystical discourse is intimately linked to the way of acting on the part of its bearer. In the final analysis, mysticism operates in individual bodies, in institutions and in various fields of knowledge and it is only in this way that the effects of mysticism can be described by the historian. Once defined and simultaneously disenclaved as a field, mysticism unceasingly resonates in our present. And its history must continue to be written.

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