La fin, le religieux, le politique. Analyses sociales des phénomènes de messianisme

par Pierre VALLIN

janvier-mars 1996 - tome 84/1

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L’époque romantique a souhaité et vu s’éclore des « effervescences créatrices » (E. Durkheim), des «  nouvelles mythologies » mises « au service des idées » (G.W.F. Hegel), souvent teintées de messianisme et de millénarisme, attentes d’une réconciliation universelle (J. de Maistre), ou espérances d’un règne social de Dieu (H. Ramière). Ces idées romantiques ont inspiré les recherches d’eschatologie biblique (J. Weiss, A. Schweiter), et on s’est intéressé à la relation entre les formes naissantes du christianisme et la figure messianique de Jésus (E. Troeltsch). Ces recherches historiques ont fourni un modèle pour l’analyse sociologique de divers mouvements messianiques, sociaux ou politiques, et ce type d’analyse a été utilisé en retour pour l’interprétation des origines chrétiennes comme mouvement populaire de protestation sociale (F. Engels).
Plusieurs scénarios peuvent rendre compte de la composante politique d’un mouvement religieux ou, inversement, de la composante messianique d’un mouvement politique, selon que l’effervescence charismatique est mise à l’origine du mouvement ou située dans le cours de l’histoire d’un peuple, et, dans le second cas, selon qu’elle est dénuée de visée politique immédiate ou qu’elle prend le relais d’une action politique frustrée. C’est ainsi que des projets politiques (postulant un sens de l’histoire) peuvent être lus en termes de « religions métaphoriques » (J. Séguy).

The End, the religious, and the political. Social analyses of Messianic phenomena.

The romantic period wished and saw the blossoming of « creative effervescences » (E. Durkheim), « new mythologies » put « to the service of ideas » (G. W.F. Hegel), often colored by Messianism and millenarianism, waiting for a universal reconciliation (J. de Maistre), or hope for a social reign of God (H Ramière). These romantic ideas inspired research on biblical eschatology (J. Weiss, A. Schweitzer), and interest in the relation between growing forms of Christianity and the Messianic figure of Jesus (E. Troeltsch). This historical research furnished a model for sociological analysis of diverse Messianic movements, social and political, and this type of analysis was used in turn for the interpretation of Christian origins as a popular movement of social protestation (F. Engels).
There are many scenarios in considering the political component of a religions movement or, inversely, the Messianic component of a political movement, according as the charismatic effervescence is put at the origin of the movement or situated in the course of the history of a people, and, in the second case, according as it is without an immediate political interest or as it takes the place of a frustrated political action. It is thus that political projects (postulating a sense of history) can be read in terms of « metaphorical religions » (J. Séguy).

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