La mémoire et l’invention

par Françoise SMYTH-FLORENTIN

avril-juin 1996 - tome 84/2

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La pensée eschatologique d’lsraël surgit et s’élabore au temps et sur les lieux de l’Exil, dans une population de personnes déplacées qui ont perdu leurs repères à leur passé et à leur terre. Elle inspire de rédiger un Livre pour redonner à ce peuple un lieu habitable, de lui restituer une histoire en lui transmettant des récits et des textes du passé réinterprétés par une vision d’avenir. Paradoxalement, l’espérance eschatologique se fait remémoration, historiographie. Faisant le deuil du passé en le relisant, elle rend à nouveau possible l’histoire du peuple avec son Dieu, qui paraissait absent alors qu’il n’était que souffrant. Le « dernier jour » se profile dès le début de cette histoire, accomplissement inaugural, promesse d’un renouveau toujours possible.

Memory and invention

The eschatological thinking of Israel arose and was developed at the time and in the lands of the Exile. This took place in a population of displaced persons who had lost their connection with the past as well as their land. This thinking inspired them to compose a Book that would return a hospitable place and restore a history to them. This was done by the transmission of stories and texts reinterpreting the past, with a vision of the future. Paradoxically, eschatological hope became remembering, historiography. Burying the past through a rereading, hope again makes possible the history of a people with its God, who seemed absent while He was only suffering. The « Last Day » develops its profile from the start of this history, as an inaugural fulfilments, a renewal always possible.

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