Le traité de S. Basile sur le Saint-Esprit. Son milieu originel

par J.-R. POUCHET

juillet-septembre 1996 - tome 84/3

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L’âpreté des débats qui eurent lieu, notamment en Cappadoce entre 360 et 378, en pleine crise arienne, autour de la nature et de la personne du Saint-Esprit, ainsi que la diversité des opinions à l’intérieur même des camps opposés sur cette question, rendent délicate l’identification exacte des adversaires combattus par Basile de Césarée en 375 dans son traité Sur le Saint-Esprit, l’un des premiers du genre, d’autant plus que lui-même trouva des contradicteurs dans les rangs de ses propres amis. Dédié à son disciple Amphiloque d’Iconium, le traité vise essentiellement, au-delà d’Aèce, son compatriote Eunome, toujours vivant et virulent, que Basile avait déjà combattu vers 360-363, le théoricien arien radical de la « dissemblance » et de la « subordination » de l’Esprit au Fils et au Père, manifestement visé ici par le vocabulaire de la « connumération » et de la « coordination ». La critique contemporaine (H. Dörries, entre autres) avait pensé que le principal adversaire de Basile serait son ancien maître en ascétisme Eustathe évêque de Sébaste, qui tenait sur l’Esprit une doctrine ambiguë, ne voulant le ranger « ni avec Dieu ni avec les créatures ». Sans l’exclure du nombre des adversaires, le vocabulaire et l’argumentation du traité, sans rapport avec ceux de la Lettre 125 de Basile à Eustathe, obligent à abandonner cette interprétation pour rendre la priorité à Eunome.

O.S.B. – Saint Basil’s treatise on the Holy Spirit. Its original milieu

The acrimonious debates that took place concerning the nature and person of the Holy Spirit, especialy during the Arian crisis in Cappadocia from 360 to 378, as well as the diversity of opinions within the opposing camps, makes it difficult to identify the adversaries of Basil of Caesarea in his treatise On the Holy Spirit (375), unique for his time. The problem is even greater because Basil found himself at odds with his own friends. Dedicated to his disciple Amphilocus of Iconium, the treatise was aimed, essentially, beyond Aëtios, at his virulent compatriot Eunomius. Basil had already engaged him around 360-363. A radical Arian theoretician of the “dissemblance” and of “subordination” of the Spirit to the Son and Father, Eunomius was clearly targeted by the vocabulary of the “connumeration” and “coordination”. Contemporary criticism (H. Dörries, among others) thought that the principal adversary of Basil could have been his old master in asceticism, Eustathius (bishop of Sebaste), who held an ambiguous doctrine about the Spirit, not wishing to place it “either with God or with creatures”. Without excluding him from the number of adversaries, the vocabulary and argumentation of the treatise, which are unconnected to those of Basil’s Letter 125 to Eustathius, oblige us to abandon this interpretation and give priority to Eunomius.

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