L’éternité est une croyance qui s’oppose à la mort

par Damien Le Guay

Octobre-Décembre 2020 - tome 108/4

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L’éternité est une croyance qui s’oppose à la mort

Comment résister à la mort ? Cette question, depuis toujours, instaure un conflit entre la mort et l’éternité. Voyons quatre régimes différents de résistance : celui de la culture, qui, depuis 100 000 ans, avec le faste, l’art et la religion, instaure des modalités d’une protection contre la mort – apparaissent alors le moment charnière : le passage, et ses conditions, la symbolique de l’autre monde – ; puis le moment chrétien (une promesse d’éternité est faite, mal comprise, du côté catholique par une fixation sur la seule éternité de l’âme et du côté des incroyants par un supposé amour catholique des cadavres), avec une incertitude quant aux conditions d’accès à l’éternité ; le troisième régime où, avec Freud, l’immortalité devient une croyance active ici et maintenant, protège notre psychisme du néant et donc de la sidération, et vient avant la mortalité ; enfin la science, qui nous offre une nouvelle promesse d’immortalité, promesse future, non encore réelle, possible mais non certaine, de pouvoir se « réincarner » dans de nouveaux cerveaux, comme si nous étions au bord de la « mort de la mort ».

Eternity is a belief opposing death

How can one resist death? This question, since its origins, sets up a conflict between death and eternity. Let us examine four different ways of resisting: that of culture which, for 100,000 years, with festivity, art and religion created ways of protecting from death – through the appearance of that hinge point: the passage, and its conditions, the symbolism of the Other World; then the Christian moment (the promise of eternity is made, misunderstood on the Catholic side by a fixation only on eternity of the soul and, for non-believers, by supposing some Catholic love of cadavers), accompanied by a disquiet about the conditions for access to eternity; the third way where, with Freud, immortality becomes an active belief here and now, protecting our psyche from nothingness and hence from awe, and comes before mortality; finally, science, which provides a new promise of immortality, a future promise, not yet real, possible but not certain, of being able to “reincarnate” in new brains, as if we were on the verge of the “death of death”.

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