« Quel sens cela a-t-il de parler de Dieu ? » S’agit-il de libérer une possibilité nouvelle de parler de Dieu ?

par Paul CORSET

octobre-décembre 1995 - tome 83/4

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À la suite d’Ebeling, René Marlé s’était intéressé à cette question centrale de Bultmann « Quel sens cela a-t-il de parler de Dieu ? », au point d’en tirer le titre de son ouvrage sur Ebeling, Parler de Dieu aujourd’hui. La question ne porte pas sur le sens du mot Dieu ni sur la connaissance de Dieu, mais sur le sens du parler de Dieu : elle se situe donc sur le terrain de l’herméneutique (terrain familier à Marlé), celui de l’analyse du langage.
« Si on veut parler de Dieu, répond Bultmann, on doit nécessairement parler de soi-même ». Il veut dire qu’on ne peut parler de Dieu qu’à partir de l’expérience personnelle de l’avoir rencontré, d’avoir été rencontré par sa Parole. Il n’interdit donc pas d’introduire le nom de Dieu dans le langage ; mais pas dans le langage objectivant propre à la condition spatio-temporelle, mais dans le parler existentiel, dont Heidegger a fait la théorie, qui est celui de l’expérience humaine et interpersonnelle, en tant que Dieu donne sens à ma vie. Il est alors possible de parler de lui avec sens, dans la mesure où Dieu se fait appréhender comme le Tout-Autre par l’obéissance de la foi.

“ What meaning does talk about God have ?” It is about opening up a new possibility of speaking about God ?

Following Ebeling, René Marlé became interested in the principal question of Bultmann “What meaning does talk about God have ?”, to the extent that the title of his book on Ebeling came from there, Speaking about God Today. The question is not about the meaning of the word God, not about knowledge of God, but about the sense in talking about God : it is situated, therefore, in the field of hermeneutics (a subject familiar to Marlé), that of the analysis of language.
“If you want to talk about God“, Bultmann said, “you must necessarily talk about yourself”. He means that one cannot speak of God except from personal experience of having encountered Him, of having encountered Him through his Word. He does not, then, forbid introducing the name of God in language ; but not in the objectivizing language that belongs to the space-time condition, but rather in existential speech, about which Heidegger theorized. It is that of human and interpersonal experience, in so far as God gives meaning to my life. Then it is possible to speak of Him meaningfully, to the extent that God makes Himself understood as the Wholly Other by the obedience of faith.

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