Note sur quatre ambiguïtés du pardon

par Dan ARBIB

Janvier-Mars 2024 - tome 112/1

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Dan Arbib

Note sur quatre ambiguïtés du pardon

Cet article entend déployer quatre ambiguïtés du pardon propres à en fragiliser le concept et à inspirer une certaine réserve devant son invocation tous azimuts. Le pardon répète d’abord le caractère contradictoire du temps, selon lequel tout est déjà passé et rien pourtant jamais ne passe (I). D’autre part, il semble exiger à la fois l’effacement et l’approfondissement du mal accompli, se donnant alors soit comme événement soit comme processus (II). Ensuite, il complique l’alternative souvent caricaturale entre la justice et la grâce et exige que la seconde affleure à partir de la première (III). Enfin, il tend à configurer une relation entre offenseur et offensé dans laquelle se rejoue ou s’inverse la relation de domination à laquelle il est censé mettre un terme (IV). – Ces quatre ambiguïtés interdisent tout moralisme du pardon.

Note on four ambiguities of pardon

This article will set out four ambiguities in pardon that may render the concept more fragile and create reservations about using it anywhere and everywhere. Firstly, pardon repeats the contradictory character of time, according to which everything has already passed and nothing ever truly passes (I). On the other hand, it appears to demand both the erasure and the deepening of the evil committed, thus seen as an event or as a process (II). Further more, it often complexifies the caricatural alternative between justice and grace and demands that the latter arise from the former (III). Finally, it tends to set out a relation between the offender and the person offended in which the relation of domination it is supposed to end is replayed or reversed (IV). – These four ambiguities eliminate all moralism of pardon.

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